Spécialiste du comportement du chat
Spécialiste du comportement du chat
Quand on s’appelle Habemus Papatte, difficile de résister à l’envie de créer notre décalogue (ou plutôt notre undécalogue) pour le bonheur des chats et de leurs adoptants !
Voici donc nos 11 commandements ; 11 recommandations fortes, permettant aux humains de construire ou de reconstruire les sains (voire les saints, vu le sujet !) fondements d’une belle relation avec leur(s) chat(s), tout en respectant les besoins éthologiques des petits félins.
Il ne s’agit ni de condamner, ni même de critiquer les comportements humains car des erreurs nous en avons tous fait. Chez Habemus Papatte, nous croyons que c’est en partageant les connaissances que nous contribuons à créer un monde où chats et humains évoluent avec plénitude.
En un mot comme en cent, penser en termes de remontrances et sanctions avec votre chat est une mauvaise idée. D’abord parce que, du point de vue cognitif, les liens de cause à effet qui vous semblent évidents ne le sont pas pour les chats : si vous grondez le chat quand il monte sur la table, à sa façon de filer quand vous arrivez, vous aurez l’impression que le chat comprend qu’il n’a pas le droit d’y aller. En réalité, le chat a compris que vous pouviez à tout moment représenter un stress, une menace, notamment quand il monte sur la table. La conséquence immédiate ? Votre chat montera sur la table quand vous ne serez pas là. C’est vous qu’il aura associé à l’interdit, pas la table.
C’est toujours ainsi : le chat associe tout évènement négatif à la personne (ou au congénère) présente auprès de lui au moment où l’évènement négatif a lieu.
De fait, à trop crier et punir votre chat, il vivra dans un monde incertain. Le chat étant un animal prompt au stress, plus la relation avec l’humain sera faite de cohérence et de confiance, plus la vie sera agréable pour vous comme pour lui.
Il n’y a pas ici d’injonction à la perfection, nous avons tous besoin d’exprimer parfois notre agacement ou notre frustration ! En revanche, il est important de prendre conscience que cela n’a aucun rôle éducatif pour le chat.
Crier sur son chat, le gronder, l’asperger d’eau, le frapper, l’attraper par la peau du cou, lui mettre une « pichenette » sur la truffe, lui mettre le nez dans un pipi ou un popo, l’enfermer « pour qu’il comprenne », lui jeter des choses, le menacer, lui faire peur, le pousser, le jeter ou tout autre comportement à visée punitive aura sur le moyen terme l’effet inverse à celui que vous espérez : vous créerez un potentiel climat de défiance et d’insécurité qui augmentera son niveau de stress et accroîtra la probabilité qu’il exprime des comportements que vous jugerez indésirables.
Nous sommes 10 à 20 fois plus grands que nos chats et ces derniers sont dépendants en tout ou presque de notre bon vouloir, le rapport de force n’a donc pas lieu d’être. Notre rôle est au contraire de les rassurer et de trouver des façons de communiquer qui n’engendrent pour eux ni peur, ni stress.
Cela semble trivial mais il est pourtant bon de le rappeler : un chat est un chat.
Il a des besoins, des comportements, des préférences et un rythme de vie de chat. Attendre de lui qu’il se comporte en chien, en humain et ou en cochon d’Inde est aussi aberrant que de demander à un poisson de grimper à un arbre (pour reprendre la métaphore attribuée à Albert Einstein).
Concrètement, cela veut dire qu’on ne doit ni demander à un chat d’avoir un comportement d’humain (faire ses besoins dans les WC, ne manger que deux fois par jour, porter des habits si ce n’est pas nécessaire…), ni l’empêcher d’avoir les comportements essentiels propres à son espèce ; parmi ces derniers :
Ce n’est donc pas parce qu’un comportement déplaît, qu’il est anormal. Finalement, les comportements vraiment anormaux sont assez rares.
Je vous entends d’ici ! « Ils sont gentils chez Habemus Papatte mais comment fait-on pour que Minouche ne détruise pas le fauteuil Louis XV ? ».
Rassurez-vous, le but de cet article n’est pas de faire complètement abstraction de vos besoins, mais bien de les faire coïncider avec ceux de votre chat.
Habemus Papatte vous livre donc ici le secret ultime, celui qu’on se transmet de génération en génération d’intervenants en comportement du chat, après un rite de passage ancestral qui suit la cérémonie traditionnelle de la confrérie de la vibrisse dorée : on n’interdit rien, on redirige et on conditionne.
Concrètement ? Si Minouche détruit le fauteuil Louis Bidule, c’est parce qu’il a besoin de griffer et que le fauteuil est à son goût, tant en termes d’emplacement que de matériau. Il faudra donc proposer à Minouche un griffoir de valeur au moins équivalente et le placer en lieu et place du fauteuil. Pensez également à récompenser Minouche lorsqu’il utilise ce nouveau griffoir. En effet, s’il convient d’ignorer les comportements que nous considérons comme gênants il est important de récompenser ceux que l’on souhaite voir se reproduire ! C’est une erreur fréquente que d’oublier de faire savoir à son chat que nous sommes très contents de lui. Associer un comportement que l’on juge souhaitable (être sur son arbre à chat et non sur la table, avoir fait pipi dans sa litière et pas sur le tapis, s’attaquer à son jouet plutôt qu’aux jambes de belle-maman…) à un évènement positif pour le chat c’est finalement très simple, très efficace et très agréable pour tout le monde.
Attention, voilà sans doute le point le moins instinctif pour nous humains, qui aimons les interactions fréquentes, longues et intenses ! Malgré tout l’attachement que vous porte votre chat, ce n’est pas parce que vous avez envie d’un câlin que lui en a envie. Et pour aller plus loin, ce n’est pas parce qu’un chat vient sur vos genoux qu’il a forcément envie d’être caressé, c’est souvent la proximité qu’il recherche et non la caresse.
On commence donc toujours par lui demander son avis : on place sa main devant lui, on lui laisse le temps de la sentir plusieurs secondes. On ne le caresse que s’il jette sa tête dans notre main ; s’il se détourne ou ignore notre main, ça veut dire « non merci ». Une fois qu’il a donné son accord pour une gratouille, gardez en tête que les chats préfèrent les interactions courtes et d’intensité faible. Prolonger l’interaction lorsque le chat montre des signes d’agacement peut engendrer une réaction vive.
Il va sans dire que respecter l’espace personnel du chat, c’est aussi ne jamais le réveiller, le laisser tranquille quand il s’isole parce qu’il est stressé sans tenter de le rassurer, ne pas le porter plus que nécessaire et veiller, par exemple quand on joue avec lui, à ne pas être intrusif en lançant le jouet sur lui pour qu’il réagisse.
Bien sûr chaque chat est différent et certains adorent les câlins sans fin ou bien être portés ; mais ce n’est pas la majorité et quand bien même… Il convient de régulièrement vérifier que l’on respecte autant les envies du chat que les nôtres.
Les sens du chat sont différents des nôtres : le chat voit moins de couleurs mais est beaucoup plus sensible à la lumière et au mouvement, son odorat est au moins 1000 fois supérieur au nôtre et son ouïe dépasse également largement celle des humains. Ce qui semble anodin pour un humain peut se révéler être désagréable voire douloureux pour le chat (un peu comme si on nous klaxonnait dans l’oreille).
Parmi les agressions sensorielles que nous imposons fréquemment à nos chats, on retrouve :
Rappelez-vous que, dans le monde de la perception sensorielle, l’être humain est loin d’être un excellent élève alors que le chat est plutôt dans le haut du panier ; il faut donc constamment s’empêcher d’utiliser nos propres perceptions et sensations comme référence à ce que pourrait sentir, entendre ou voir le chat.
Voilà déjà 5 points qui méritent un temps de réflexion. Vous avez probablement remarqué, qu’à peine sommes-nous arrivés à la moitié des 11 commandements, que nous avons déjà bousculé nombre de croyances populaires, tant en termes « d’éducation » qu’en ce qui concerne les besoins fondamentaux de nos petits félins de salon. Vous avez sans doute également noté que certains termes (dominance, bêtises, vengeance…) sont complètement absents de ces explications. Sachez qu’il ne s’agit pas d’un oubli, ces concepts n’ont simplement aucune réalité scientifique dès lors qu’il s’agit des chats. En attendant la seconde partie de cet article, libérons-nous de nos croyances et portons sur nos chats un regard sans biais ni jugement, ils le méritent amplement !
Silvia Badolato, Habemus Papatte 
Sources :
